Jour 1 (en fait jour six)

Névache 1588 – Col des Thures 2194

Dénivelés : + 600

 

La suite après mon tour du Queyras 

 

 

Arrivée à Névache par la navette de Briançon, avec un chauffeur qui conduisait comme un dingue, après cinq jours de marche ça fait un choc. Je prends quelques infos à l’office de tourisme, achète la carte IGN du secteur (que j’avais déjà, mais chez moi…), et pars visiter la vieille ville (« ville haute »). C’est très mignon, l’église est belle et la boulangerie est terrible ! (Dans le bon sens).

Bien équipé, je prends le bus qui me dépose quelques km plus bas au pied du GR en direction du col des Thures. Il est 13 heures et c’est reparti pour une nouvelle rando !

J’étais content parce que je pensais passer la journée dans les transports, et en fait en quelques heures j’étais reparti. Il faut dire que j’ai eu de la chance à Briançon, je suis allé à l’office de tourisme pour me renseigner sur les navettes, et la suivante était dans 30 minutes, juste le temps de prendre un bon café et d’aller à la gare. Mon séjour Briançonnais n’aura pas dépassé les 45 minutes.

Me voilà donc en chemin pour le col des Thures, dans la forêt. Je croise deux anglais qui était partis de Wissembourg en Alsace et rejoignaient la Méditerranée. Belle aventure !

La montée me paraît facile. Même si ça montre bien je sais que ça ne durera pas trois heures. En effet 1h30 plus tard, j’étais sur le plateau. Un grand plateau herbeux, en fait un immense garde-manger pour les brebis. Magnifique !

C’était à la fois grandiose et accueillant. Une demi-heure plus tard je suis arrivé au col des Thures et au lac du même nom. Il était tôt, mais j’avais décidé de bivouaquer là, d’autant que le ciel devenait noir. J’ai trouvé le spot idéal, plat et à l’abri du vent, installé la tente et toutes mes affaires. À peine terminé que l’orage a éclaté. Ouf ! J’étais bien au sec à l’abri dans ma tente. Ça s’est calmé dans la soirée et j’ai pu faire mon tour sur les hauteurs du plateau. Les crêtes côté est s’arrêtent net, avec un gros ravin d’au moins 500 m, donnant sur l’Italie. C’est assez impressionnant et ça contraste avec le côté paisible du plateau. Le soir, un troupeau de brebis d’environ 200 têtes est descendu des hauteurs en passant tout près de ma tante. J’ai très bien dormi cette nuit-là, malgré la pluie.

 

 

Jour 2 :

Col des Thures 2194 - Névache 1588 – Fontaine couverte 1857 – Refuge Ricou 2115

Dénivelés : + 530, - 600

 

Je me suis réveillé vers 6h30 et suis allé me promener sur les hauteurs du plateau, pour admirer le lever du soleil. Très chouette !

Pour la suite de ma rando, je n’avais pas vraiment de programme. Je pouvais suivre le sentier et faire une boucle pour revenir à Névache, mais ça me faisait descendre dans la vallée (qui avait l’air très austère) pour remonter de l’autre côté, dans une vallée très minérale et, franchement, ça ne me disait rien du tout. Moi je voulais voir des fleurs et des ruisseaux… J’ai donc décidé de redescendre à Névache pour me balader dans la vallée de la Clarée.

J’ai quand même pris un autre chemin qu’à l’aller, histoire de varier un peu, un petit sentier dans la forêt… À éviter ! La première partie n’est pas entretenue et je me suis retrouvé à devoir contourner des arbres morts qui bloquaient le passage, le tout sur un sol rocailleux est glissant, en haut d’un ravin. La deuxième partie était nettement mieux. Ouf !

À Névache j’ai refait le plein à la boulangerie, profité du wifi pour prendre mon billet de train retour (et une bière 😉), puis j’ai pris le sentier qui monte dans la forêt en longeant la rivière. Au début c’est juste un chemin dans la forêt, mais après c’est extraordinaire. C’est un mélange de clairières remplies de fleurs sauvages et de forêts de sapins, le tout avec des montagnes en fond. C’est pile ce qu’il me fallait, je me suis régalé ! 

 

Jour 3 :

Refuge Ricou 2115 – Pont de la Sanchère 1813 – refuge Buffère 2096 – Lac de Cristol 2245

Dénivelés : + 430, - 300

 

J’ai décidé de rejoindre Briançon à pied. Mon train étant prévu pour le dimanche soir, en partant le samedi de la vallée de la Clarée j’aurais largement le temps de le faire. Et c’est exactement ce que je voulais : une belle rando sans avoir à me presser.

J’avais bivouaqué un peu au-dessus de Fonds Couverts. Je suis donc redescendu jusqu’à la rivière (la Clarée), que j’ai longé rive droite par le magnifique sentier fleuri avant de bifurquer à droite dans la forêt vers le refuge Buffère. C’est un chemin qui monte raide mais on peut faire des pauses pour manger des framboises sauvages délicieuses. Le refuge Buffère est dans un endroit magnifique, une grande prairie entre deux montagnes avec vue sur la vallée de Névache. Le refuge lui-même est joli et les gens sont sympas… S’il n’avait pas été 11h du matin je me serais arrêté 😊

Un café plus tard, j’ai pris le « chemin de la côte rouge » qui rejoint le GR5. Il grimpe tranquillement dans les bois en longeant la vallée de Névache. Étant plus haut, les myrtilles ont remplacé les framboises 😉. Juste avant de rejoindre le GR5, j’ai fait une pause dèj’ dans une très jolie clairière d’herbe jaune au milieu de grands sapins. Le GR monte par de magnifiques plateaux herbeux entourés de sapins, puis de hautes montagnes minérales, pour rejoindre le lac de Cristol. L’endroit est tout simplement merveilleux, un paysage de carte postale.

Il était encore tôt, mais c’était l’endroit idéal pour bivouaquer. Comme en plus je commençais à fatiguer, j’ai décidé de m’arrêter là. Il y avait un spot plat, avec de l’herbe épaisse, à l’abri du vent, et face au lac et à la vallée. Que demander de plus ?

J’ai installé la tente avec l’ouverture face à la vue, et me suis fait un « cup of tea ». J’étais reposé, requinqué, et heureux :-)

Je suis allé me promener (léger, sans sac) sur les hauteurs autour du lac. Je me suis trouvé un fauteuil à même le rocher, tout en haut d’une crête, l’endroit parfait pour admirer le coucher de soleil sur la vallée et les montagnes alentours.

Un autre randonneur avait installé son campement non loin du mien. J’étais un peu contrarié qu’il n’ait pas choisi un autre coin du lac, mais en même temps le spot était tellement parfait que je ne pouvais pas lui en vouloir. Je suis donc allé faire connaissance avec Jacob, un Danois au look de viking qui faisait la GTA, la grande traversée des Alpes.

Nous avons discuté un peu et regardé les montagnes sans parler, avant de rejoindre nos quartiers. Ce soir-là j’ai pu admirer un beau ciel étoilé avant de me coucher, heureux.

 

 

Jour 4 :

Lac de Cristol 2245 – Porte de Cristol 2483 – Col des Cibières 2525 – Col de Granon 2404 – Crêtes de Peyrolles 2645 – Briançon (gare) 1186

Dénivelés : + 520, - 1580

 

Dernier jour. Réveillé vers 6h30, j’ai fait un thé que Jacob et moi avons partagé en regardant le soleil se lever derrière les montagnes.

La montée jusqu’à la Porte de Cristol était raide mais pas trop longue. Adieu vallée de la Clarée, bonjour vallée de Serre-Chevalier.

Après le col, le sentier dévoile progressivement toutes les montagnes alentours : la barre des écrins et son glacier, la Meije, le Queyras, le Viso, la vallée étroite, la Clarée, l’Italie en face, et j’en passe (peut-être aussi parce que je ne retiens jamais les noms des montagnes).

Je suis monté au col des Cibières (2525) pour rejoindre le col de Granon par les crêtes. Un régal : des montagnes tout autour, le cœur des Alpes.

Au col de Granon, il y a un café ou je me suis posé dans un transat face à la vue avec un citron pressé 😊, de quoi reprendre des forces pour la suite. Et il en fallait, par ce que la suite était une variante du GR5 qui longe les crêtes de Peyrolle, ce qui veut dire tout d’abord monter jusqu’aux crêtes...

J’ai fait la montée avec un gars qui faisait la GTA (décidément…). Nous allions à peu près à la même vitesse et avons fait les crêtes de Peyrolle ensemble. Il parlait un peu beaucoup, mais je dois dire que j’étais bien content de ne pas être tout seul là-haut, parce que nous avons marché environ deux heures sur un sentier pas plus large que moi, voir même moins. Par endroits le chemin contourne la crête et il faut mettre les mains pour se tenir à la roche. Bref rien de très zen, et c’était rassurant pour moi comme pour lui d’être à deux à cet endroit. Après les crêtes nous avons entamé la longue descente sur Briançon. À partir de là mon compagnon de crêtes s’est mis à tracer, et nos chemins se sont séparés. La descente dans les bois était interminable. A un moment je me suis arrêté pour grignoter mes derniers snacks et faire respirer mes pieds qui n’en pouvaient plus. Là j’ai recroisé Jacob, qui s’était trompé de chemin et faisait machine arrière. Nous avons donc continué ensemble la longue descente vers Briançon. A un point de vue, nous regardions la ville en dessous angoissant sur tout ce qu’il nous restait à faire. D’un coup, Jacob a dit « They have pizza down there ! », et est parti. J’en ris encore. À chacun sa motivation en montagne… 😊

Nous sommes arrivés ensemble à Briançon, et avons fait les adieux. Jacob est parti à la recherche d’un hébergement et moi d’une boisson fraîche et hyper fraîche.

Il me restait quelques heures devant moi avant d’aller à la gare. Du coup j’ai laissé mon sac à l’office de tourisme et, une fois désaltéré, suis allé me promener quelques heures dans la vieille ville, qui est très jolie avec son petit air d’Italie. J’ai grignoté un bout, et suis descendu à la gare.

J’étais crevé, mais heureux. Heureux d’avoir fait neuf jours de marche en solitaire mais aussi heureux de rentrer, de retrouver ma famille, et accessoirement un minimum de confort aussi… 😊

 

 

Photos Col des Thures
Photos Col des Thures
Photos Vallée de la Clarée
Photos Vallée de la Clarée
Photos Névache - Briançon
Photos Névache - Briançon